Nos publications

La question est ici posée :
Pourquoi donc pousser dehors
en un langage inane
le fond de la chose ?

Faudrait-il trouver recours ou seulement retenue ou au contraire
Oser le rédimé écrit
libre de gabelle
de l'octroi
De l'université.
Pourra-t-il dire ?

Elle dit :
Les lares des mots me leurent (…)
et leur puissance est piètre au regard de la vie

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Bien me prends de tenter le peindre.
Toujours je conquiers contre le temps
la force butée de persister à tisser
la longue aiguillée de l'écriture
et ne manque pas de m'y enfiler tout le jour
en mon étrange manière
même si en résulte un envahissant brimborion petit
dont je ne sais que faire.

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Concarneau - Le chariot du slipway

L'arceau pour le roulis
le tangage du fléau

Sur le rail crisse la ferraille
la goupille brinquebale
les ressorts vibrent
et la poutre craque

De la mer et du bateau
il a pris cette touche bleue
qu'un peu d'ombre ravive…

Roland Cornthwaite manie sa Lyre de fer pour évoquer le geste mécanique des ouvriers-artisans des ateliers navals(…) Le poète se fonde sur un support concret fourni par les photographies d’Isabelle Louineau pour proposer des tableaux picturaux par touches avec des couleurs récurrentes, bleu, blanc, rouille, en particulier, et un sens de la dimension spatiale  : Géométrie. (…) Un certain réalisme poétique se révèle au service d’un idéal de beauté dans l’horreur de l’effort souvent violent et d’une volonté de lutter contre le silence et l’effacement de ce passé, de faire beau et de montrer vrai, d’éblouir pour ne pas oublier

Extraits de L'Après-lire de Céline Rochette-Castel

Roland Cornthwaite, né en 1954 à Annecy, vit près de Nantes depuis 1980 où il a fait partie de l’équipe de la Maison de la Poésie et rédigé régulièrement des présentations d’auteurs dans la revue Gare Maritime. Il publie textes et poèmes sur Internet (Terre à ciel, remue.net) ou dans les revues Traction-Brabant et Verso et les lit régulièrement dans des lectures publiques.

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Ce que dit le poème

Un peu de poésie suffit pour un monde meilleur
Et un seul rêve suffit pour changer le monde
(…) Le texte est un être étrange,
Exigeant de la réflexion pour que tu le comprennes,
Et parfois il a besoin que tu sois absent pour que tu y brilles

« Les étoiles terrifiées », le poète les regarde, malheureux, « Résistant aux tempêtes violentes », en souhaitant un futur à l'édifice dévasté. Sa terre lointaine d'Alep et de Palmyre où le premier alphabet est né, est à la fois loin et là. Les poèmes de Abdul Ghafour Al Khatib ont froid bien sûr, ses vers sont l'histoire humaine qui court avec ses pieds gercés dans les Rets d'éternité d'Abul Alâ El Maari. (…) Ils ne sont pour autant pas que poésie d’exil. Ils ont le parfum de la rose de Damas et de la jonquille mêlées, car l'éternité est dans la sève, sert de baume après la mortelle Goûtha. Un printemps de bon augure y est possible.(…)

Extraits de l'Après-lire de Marie-Laure Jeanne Herledan

Diplômé de l'Université de Damas au département de langue et littérature arabes, Abdul Ghafour Al Khatib s'est rangé du côté du peuple dans ses revendications de réformes politiques, économiques et sociales. Il a dû quitter la Syrie, traverser les hautes montagnes rudes de Qalamun avec sa famille pour se rendre au Liban, où il a passé près d'un an, puis à Paris, où il a passé dix mois, avant de s'installer à Nantes mi-2016. Abdul Ghafour Al Khatib publie de la poésie depuis plus de 30 ans

Découvrez la note de lecture de Ghislaine Lejard

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Date
pour cesser
d’être
enfant éperdue
grâce
au splendide antidote
du don.

Sur le texte-tissu qui fait comme une mer, j’accepte le voyage. NéoRétro. La création d’un nouveau passé, la marche de l’enfant qui cesse « d’être enfant éperdue, grâce au splendide antidote du don », grâce à la main tendue du « nous » ? Aucun oubli : on ne crée pas son passé sur des ruines. Au contraire, la merveille de ce chemin qui se dessine comme je le lis, c’est qu’il se parcourt les yeux ouverts.(…)
Au bout du chemin, non pas une vie sauvée, mais deux. Double résurrection. Car « je » renais avec le tu perdu(e), retrouvé(e), réparé(e). « Antidote du don » à nouveau : « je te dois récit », « pour te donner un semblant de postérité : ainsi pas rayée, pas radiée, pas raturée. »

Extraits de la préface de Séverine Pirovano

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Vous commencerez peut-être par La soupe hier et sa farandole grinçante en prélude à un Couscousu des familles d'ici, de là-bas, d'ailleurs ou d'autre part, pour finir par La tarte gadin sous sa crème renversée. Mais d'autres délices vous sont proposés.
Toujours vous finirez par croquer le vie à pleines dents et déguster votre victoire !

L'édition originale de Sept Recettes Magiques Louphoques et Comestibles de Nadja Atti,accompagnée de sept gravures réalisées par Francisco Un Kô a été composée à la main en Gill maigre romain corps quatorze et imprimée sur papier velin d'Arches 200 grammes à 30 exemplaires par le Musée-atelier de l'imprimerie de Nantes le 6 avril 2023 jour des 60 ans de l'autrice. Cet ouvrage n'aurait pas vu le jour sans le savoir-faire et l'amitié de Philippe Bretaudeau et de toute l'équipe du Musée de l'imprimerie de Nantes

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Christine Guénanten offre «  Une poésie fluide, aérienne et qui s’impose par ses exigences orchestrales. Ces mélodies sur le mode mineur vont plus loin qu’on le croirait superficiellement. Elles s’adressent, dans leur transparence langagière autant à des écoliers qu’à des philosophes… Tout ce qu’elle dévoile dans son imagerie est à la portée de nos regards, à la portée de nos mains et de notre sensibilité. Le miracle est dans l’arrangement symphonique de la phrase.  » Antony Lhéritier

Les partitions de l'ange
Ne sont pas dans les livres
Il n'y a pas de clé
Pour entrer dans ce monde
Pas d'apprentissage
Mais une simple écoute
De l'univers des ailes.

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Les mots

J’aime les mots de tous les jours
Ils sont comme pain cuits au four.
Ils sont entre nous sur la table
Violents et doux sereins aimables.
Je les prends au bord du chemin
Comme une eau cueillie à deux mains.
Ils font chatoyer la lumière
Espérer ceux qui désespèrent.
Je les plante droit sur la page
Qu’un autre souffle les reçoit
Il fait du bruit dans leur feuillage
Le bonheur s’y tient aux abois.

C’est le pouvoir des mots assemblés d’être recueil. Celui-ci mêle l’ancien et le récent, le sourire et les larmes. Il rassemble des poèmes rédigés librement parfois comme des chansons, toujours des instantanés, des choses vues, des clins d’œil, des éclats de vie et de lumière, de ténèbres aussi, des souvenirs, des avenirs.

Il évoque quelques personnes disparues, vies brisées par la maladie ou des accidents qui ont laissé dans ma vie leur empreinte indélébile de lumière et de courage.

Mais ces éclats, ces élans, ces chutes, redisent combien rien n’est vain et rien n’est jamais perdu. Pierres d'attente, sources… Là commence peut-être le chant qui libère les mots, porteurs de désirs et de mémoires, de terre et de ciel.

Jean-Luc Grasset

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Transfiguration

Fragments nocturnes.
Dernier soubresauts accomplis du cri des bêtes.
Sans préavis,
Le jour fait fondre la neige
Tombée dans un bruissement doux.
Les sentiers se font neufs pour les mues des serpents.
Les lèpres rajeunissent
Sous la petite clarté traversant les ravines.
La salive des petits ruisseaux mousse dans les fougères.
La main bénit encore
Le vin nouveau des outres neuves.

Rouge et or. Telles sont les couleurs primordiales de la poésie de Stéphane Sauvage ainsi qu’elle se déploie dans les pages qui vont suivre. Parfums d’icônes aux visages émaciés, que la vie a creusés des sillons profonds de la ferveur, de la misère terrestre et des morsures de l’immuable hiver : celui qui tue tout espoir ou force l’espérance, celui par quoi l’âme s’endurcit et se dessèche, ou bien se gonfle telle une voile sur le tempétueux vide et le désertique abîme de nos sentiments océaniques…
Tel est donc Kether. Traversée du désert en même temps que promesse intangible et inexpugnable…

Extraits de la préface de Thomas Grison

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Lit.
Assise
dedans.
Petit index gratte-papier
au plâtre collé
trois quatre ans.
Trou se fait minuscule pénétrant
au cœur de la fleur
des mois durant
pro fonds
recouvre de la tapisserie fanée décollée
quand s’arrête goût de plâtre
béance
qu’as-tu fait ?
c’est tout déchiré !
Temps passe.

[…]Empreint du même dénuement que ceux qui ont été contraints d’abandonner leur pays, un soir de lune clandestine, le trou s’apparente au vide que portent au cœur, tous les exilés. […] Trou minuscule n’en constitue pas moins, paradoxalement, une invitation au voyage, une exhortation à embarquer sur un vaisseau en partance vers une terre lointaine. À l’instar de tous ces explorateurs partis à la conquête d’une « Terra Incognita », le recueil s’ouvre, en exergue, sur une énigmatique gravure réalisée par Marie-Françoise Hachet-de-Salins que le lecteur pourrait interpréter comme le fragment d’une carte marine héritée de la période des grandes découvertes. […] Page après page, le « trou », aussi « minuscule » soit-il, se définit enfin, comme une élégie, interstice entrouvert sur l’intime…. Jour après jour, la poétesse s’efforce d’actionner harmonieusement le métier sur lequel se tisse l’ouvrage de la vie...

Extraits de la préface de Dominique Louédoc

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Arbre de haute lignée
Oh mon frère
Toi que l’on ne regarde pas
Dont on ignore la patience
La sagesse sans escale
L’abandon innocent
Sous les coupes sauvages
Aux lisières du temps
Le massacre sans vengeance
L’épouvante sans reproche
Le sacrifice nu
La violente espérance
Que déjà nous chantaient
Tes jeunes frondaisons.

Jean Lavoué, auteur d'une quarantaine d'essais et recueils poétiques a obtenu en 2019 le Prix Yves Cosson décerné par l'Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire. Les oeuvres de Jean Sulivan, René Guy Cadou, Max Jacob, Georges Perros, Xavier Grall sont une source d'inspiration...(http://www.enfancedesarbres.com/)

« J'aborde mon métier par le mouvement de l'imaginaire, par la fluidité du pinceau et la retranscription de sa trace par son empreinte, trait par trait, car l'acte de graver est plus qu'un engagement, il est engendrement par nature ».Serge Marzin a reçu en 2019 le Grand Prix Paul Gonnand de la Fondation Taylor de Paris et en 2023, le prix Marie et Léon Navier pour l'ensemble de ses xylographies sur bois debout.(https://sergemarzin.fr/)

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« Mais voici une autre manière, vive et dépouillée, de garder en nous le rouge-gorge de sa voix et les bleuets de son âme. Merci à Marie-Laure J. Herledan, la glaneuse, qui nous permet de rester ainsi en éveil, telle l’alouette du matin, et de suivre les sentes de son âme qui vont des larmes à la joie. Elles nous font entrevoir la fine pointe de son poème tout comme les tremblements de ses silences. « C’est si grand c’est si grave / Ma tâche à mon plumier »

Extrait de la préface de Jean Lavoué

C’est vibrant c’est si grave
Ce vers que l’on déclame

Et le silence aggrave
Le pas très doux des tendres joies

Les enfants eux ils savent
Le mystère écouter

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L'écrivain et photographe Yves Petit Loisel est né en 1947. il est originaire de Saint-Clair-sur-Elle dans la manche et habite à Chênedollé dans le bocage virois. Il a exercé dans l'Éducation nationale comme professeur d'anglais, tout en se consacrant parallèlement à la poésie, l'écriture de biographies et la photographie. Il est l'auteur de nombreux ouvrages.

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Mais « si cela marche, alors mieux vaut l’amour que l’écriture » avoue-t-il aujourd’hui… Heureusement, ça ne marche pas toujours, et même si ça marche, la poésie congédiée trouve la fenêtre par où revenir et sublimer l’effervescence des corps et des âmes… (Alain Desmars)
…
La porte est une glissière et dévoile un mur transparent
Belle amante, tu as accroché mon cœur à la douceur du soir
Je suis capable de t’offrir un bouquet de rayons de lune
Et tes doigts fileront les laines de la tentation
Mon amour les mots de ton cœur sont comme des silences en musique
Au minuit de toi-même
Un chapeau immense et bleu-gris du ciel recouvre le toit de la maison enlunée
Sur le chemin de ta vie serpente les généreuses intentions de mots
Oubliés et fulgurants
…

Sur les pas de René Guy Cadou, Luc Vidal a toujours œuvré au service de la poésie. Il est ainsi à l'origine de la Maison de la poésie de Nantes, et le fondateur des éditions du Petit Véhicule pour lesquelles il a créé de nombreuses collections et différentes revues : Signes, Incognita, Les Cahiers Léo Ferré, Les Cahiers Jules Paressant, Les Cahiers des poètes de l'École de Rochefort-sur-Loire, Chiendents…

Poèmes, 102 pages, 15 €.

Découvrez la note de lecture de Claude Serreau

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Malgré le vacarme

l’incertitude

les tirs

malgré tout

dès le soleil levé
une escadrille
d’abeilles
s’est lancée

dans une périlleuse mission
de pollinisation.

En contrepoint, les gravures de Marie-Françoise Hachet - de - Salins offrent leurs matières vives, les surprise ouvertes au coeur d'un monde qu'il faut savoir regarder pour l'enchanter. Malgré…

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Plomb

Sur l'étroit sentier
De l'onde la vague
Interfère une ombre
Simple pièce d'un temple
Fugace et noble
En sa disparescence

Fluide monument
Je guide le comment
Elle se doit de venir
Sur le tapis étiré
Qui allonge le temps

Encerclé le talus
Borde de tous côtés
Cette flaque portante
D'une vie d'eau tenue

Ainsi sa couleur
En plomb toute allumée
Vaque dans la nuit
Recherchant ce à quoi
Le réel ressemble
Sous l’éclair de sa lune

Sculpteur, dessinateur, poète, Rémi Deroure est un artiste bouillonnant, qui manie la plume comme le burin, avec talent et virtuosité, dans une recherche inextinguible d’accéder à des champs artistiques encore inexplorés. […] D’emblée, le titre du poème liminaire « Plomb » souligne la volonté du poète de transgresser l’étroite frontière entre poésie et alchimie. […]

Grâce à la force des analogies, « l’œuvre au noir » s’opère par la métamorphose du reflet d’une flaque d’eau sous la lune : la calcination est obtenue par le jeu des ombres. « L’œuvre au blanc » lui succède alors, clairement annoncée à travers le titre « Réduire ». Enfin le jaunissement, né du rayonnement de « L’étoile  », achève le processus, par la personnification même de la lumière et du soleil « qui embrase ce feu plus que le feu ». Enfin, quand l’œuvre au rouge jaillit du creuset séculaire de la tradition poétique, paradoxalement, les pépites qui en surgissent, s’affirment résolument contemporaines.

Extraits de la préface de Dominique Louédoc

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Une brume fabuleuse et allégorique nimbe la fièvre de vivre. Il n'y a point de présent, point de passé, point de futur […] Des saisons se succèdent néanmoins, avec un cortège de petites et grandes vicissitudes, cependant que le rhapsode aux longues années superposées, maintient son amble. […] Toute la nature est amie, chez le poète : le galet, l'infime grain de sable, l'herbe petite, le rouge-gorge. Chacun est digne de recevoir le meilleur, il leur parle comme le ferait le Poverello. Pour les peindre, il cherche le fin mot, magnifie la réalité, en quête d'un mystère.[…]

Pour autant, pas de lyrisme bouillonnant, tout est dans les pages, retenu et mesuré. Jean-Claude Coiffard tient la bride aux sentiments ne laisse apparaître que la belle écume. Reste la tendresse qui emplit la page au son de lointaines harpes. On sait son parti pris de la « douceur des mots  » contre la parfois cruelle « vérité des choses ».[…]

Oui, il y a tout cela, « dans le désert du monde  », magie, charme et sortilège. Mais plus encore dans la poésie de Jean-Claude Albert Coiffard, où une lampe, jamais éteinte, éclaire la neige de ses pages lorsque le froid risque de gagner au pieds de ses vers, car, pour qui le connaît de près, le poète sait nous jouer des tours, son crayon est une baguette magique qui fait même apparaître la promesse d'un printemps dans le « rucher des mots ».

Extraits de la post-face de Marie-Laure Jeanne Herledan

Découvrez la note de lecture de Jean-Pierre Boulic

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[…] Cette réflexion sur le temps nous renvoie à l’espace. […] Le titre prend tout son sens lorsqu’il nous fait arpenter [par exemple] le parc des volcans d’Auvergne. Un arpenteur, c’est quelqu’un qui mesure des propriétés, des terrains. L’arpent est une unité. Il marche pour cela d’où le verbe arpenter, dont le sens s’est un peu éloigné de sa fonction première. Donc on arpente ici des villes mortes ou vivantes. [Pompéi, Tokyo, Venise, Lyon] À chaque page le lecteur embrassera deux parties juxtaposées. À droite une prose descriptive et à gauche, présentés en vers - des quatrains - des notes comme des mises en abyme !

S’immiscer dans le coeur des pierres,
Cristal de roche, quartz ou citrine,
Pyrite, améthyste, aigue-marine,
C’est plonger dans les fonds, transi.

Extraits de la préface de Alain Wexler, directeur de la revue Verso

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Tant que la vie est là, l'envie n'a pas interdiction de frapper à la porte. Ni celle de réveiller le dormeur. Alors comment ne pas lui ouvrir ? Comment en douter quand le présent et nouveau recueil en est une confirmation. La guitare n'est pas perdue, l'auteur sait où la trouver, ni cassée la moindre de ses cordes. L'artiste n’en n'a pas non plus oublié la justesse de toucher. Ici poésie est jouvence ! L'hiver qu'on aurait pu croire advenu – quand c'est encore l'automne qui montre des fruits pendre aux arbres du jardin, des grappes mûres à la vigne grimpante de la demeure. Les arbres parlent, parole de témoin. Tout-à-l'heure n'en doutez pas, ils chanteront.

Extrait de la post-face de Gérard Cléry

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Pour lui, la grande épopée de la dure vie paysanne avec enfance âpre et douloureuse, pour elle, les petites « contées » d'un jardin aux saisons plurielles, où « la vie est là » mais fragile, en équilibre. On n'y parle pas de souffrance ni de solitude, quoique les arbres peuvent être amputés et qu'il y ait « la béance de la plaie ». On ne se plaint ni ne s'épanche, on commence par le souffle de Virgile qui, en son Arcadie boisée, a su mettre sous ses pieds toutes ses craintes. Dans la très belle harmonie de textes et de gravures qui composent ce recueil, de minuscules histoires, de très fines sensations et d'imperceptibles impressions sont relatées. Quitte à être redondant. Tout est dans l'infime qui n'est pas distant du grandiose. Il y a là une invitation à un certain bonheur, à la frugalité et la simplicité des travaux et des jours écrit Hésiode qui sait l'espérance dans le vase.

Extrait de la présentation de Marie-Laure Jeanne Herledan

Découvrez la note de lecture de Frère François Cassingena-Trévedy

L'ouvrage est illustré de 35 reproductions en couleur de gravures et eaux-fortes de Marie-Françoise Hachet - de Salins

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C'est l'endroit de la respiration et de l'inspiration, un pneuma avec souffle de « vent chaud » qui pourtant peut être « feu de l'enfer » même au cœur de l'éden. Cette ouche arpentée de vers en vers est aussi intérieure, c'est un enclos, les « entrailles de ma terre » dit Piero de la Luna, il y est souverain.
Au-dessus du paysage-forteresse généré par « l'incessante marche », comme l'écrivait Jean Sulivan, un noble lampadaire  : la lune, « la neuve lune », – osons la Pierre de Lune –, bataille en silence en attendant une aube qui ne se dérobera pas. Elle est tant espérée de l'homme, « une aube simple », « une aube attentive », « une aube calme », « l'or du levant » scande le poète.
Ne manque pas l'eau, disais-je, dans ce territoire élu. Elle est partout, dedans-dehors, fraîche, elle court, lave « limpide clarté » venue d'une source lointaine. C'est l'eau vive d'après tourment, elle forme gouttes, pleurs, ruisseau, lac « océan paisible des prières » pour celui qui la quête, sébile à l'âme. »

Extrait de la post-face de Marie-Laure Jeanne Herledan

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Une façon d'occuper l'espace et le temps du passant altéré que nous sommes, profondeur de puits et verticalité de lumière entre lesquelles il se débat et débat avec lui-même de son intranquillité, qu'ainsi peut-être il pacifie.

S’éclairer d’une bougie
pour approfondir la nuit
Alors la page lue
peut raviver
ce qui sourd d’autrefois

Paul Couëdel sait que le poème n'est pas une création ex nihilo, le cerveau fait parchemin avec ses couches d'écrits anciens, de lectures antérieures plurielles enfouies, pour être recouvertes d'un écrit neuf. Ce palimpseste est ici retourné. Comme s'il fallait le retrouver en son état originaire. Revenir à sa matière première en quelque sorte, dans sa toute profonde vérité. »

Extraits de l'Après-lire de Marie-Laure J. Herledan

Depuis 1995, Paul Couëdel a publié de nombreux ouvrages aux Éditions du Petit Véhicule et à celles du Petit Pavé. Plasticien, il a exposé (peinture et photographie) à Nantes, Saint-Nazaire, Le Pouliguen

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Voilà des poèmes à ne pas troubler. Pas de harnais  : c’est une ascension à mains nues, une marche sur une ligne de crête, celle encore du funambule entre une « nulle part où dite » et un « Miss / You qui me devinez », « dans l’inachevé ». Paradoxe que cet inachèvement qui pourrait être « failure » mais ne l’est pas, puisque la faille dite est création. Poésie du démasquement, du démaquillage, qui traque les faux-semblants et « le commerce frauduleux » du social… À la sortie de la caverne, c’est la sensualité brute, une sensualité qui a le boisé des fruits sauvages, où le bonheur amoureux s’écrit comme un sortilège.

Extraits de la préface de Séverine Pirovano

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Lumière et fragilité essayent de se dire dans les mots de Ghislaine Lejard, tandis que les gravures de Marie-Françoise Hachet – de Salins nous invitent, par leur sensibilité à nous en approcher avec subtilité.

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quel arbre t'a portée Mariama
et quel fruit portes-tu
pour que l'ombre
gerce et fissure
porte à germination le grain de blé
qui auparavant était mort
fasse couler la sève
dans le bois coupé
redonne l'âme au défunt
et vie à l'oiseau
tombé du nid

Thomas Grison passionné d'iconographie symbolique et sacrée, est l'auteur de notamment Le Symbolisme de l'abeille, Le Symbolisme du miroir (2019) ou encore Le Symbolisme de la Rose (2020) (MdV éditeur). Parallèlement, il a réalisé un ouvrage consacré à l'architecture des années 50 à Royan (avec le graphiste Philippe Reyt), Royan-Nayor, (éditions Le Croît Vif, 2017) et un autre consacré à la ville de Nantes et à ses poètes : Naoned-Odyssée, (avec le photographe Bernard Vinceneux). Il travaille actuellement sur un ouvrage consacré aux saints avec l'enlumineur Jean-Luc Leguay. La Cantate de Mariama est sa 2e contribution à Des Sources et des Livres, puisqu'il a très récemment participé à l'ouvrage collectif La Sculpture de l’œuvre, consacré au sculpteur Rémi Deroure (2022).

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Comment mieux dire que l'auteur lui-même, la nouveauté du voyage que depuis quelques années il a entrepris.

Étrange marin étrange voyageur
Qui profite des calmes-plats
Et défie ses errements
À l’index des brumes
Pour mieux sentir le rituel des houles.
Dans le creux de la vague
Défalque la dérive
Dans la décalque des calculs.
Étrange marin étrange navigateur
Qui voyage dans son abécédaire
Et cherche sa route
Sous les abcès fiévreux des répertoires.
Je feuillette ma vie
Aux frontières du lexique
Je m’enlise dans les grands sables
Je m’éparse d’île en île
Dans la Féroé des Glénans
Je me crusoé d’illusoires féeries

Le recueil est illustré de 10 lavis de Veig et d'une eau-forte pour la couverture, spécialement réalisés.

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La signature serpentine sur les statues rappelle la lettre primordiale, la marque, l'incise qui préside à la singularité de l’œuvre, les traits redoublés des dessins, leurs aplats de couleur, l'emboîtement des lignes concentriques semblent déjà des volumes prêts à se développer.

Le dessin

Il traverse lentement
D’un seul geste
Le tableau qui patiente
Avec des couleurs
Simples comme des allumettes
Qui trouvent le feu de l’esthétisme.
Je vais et je reviens
Pour un nouvel ouvrage
Qui parle en silence
Pendant ce court travail…

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Sans le dire jamais – ce n'est ni sa manière, ni son vœu, d'asséner des morales –, Christine Guénanten nous conduit à penser que la possibilité se fait nécessité. Il appartient à chacun de discerner : Toujours une chanson / Un murmure, en écho, / Une petite voix / Quelque part devant nous.

Cette confiance en un souffle aussi ténu soit-il, n'exclut pas la conscience claire de la dureté du monde, du possible échec d'un pari où pourtant il faut s'engager :
Si le monde nous emprisonne  / Dans une cruauté morbide, / Pourquoi ne pas entrer / Au palais de la harpe ? // Sa musique de cristal / Va-t-elle être écoutée ?
L'espérance S'envole en ailes de feu. C'est la plus profonde conviction du poète et son travail de contribuer à cet élan, mais Qui va accueillir ce poème en vol  ? Sans doute le paradis est-il toujours perdu, mais c'est pour que Hors du jardin / La fragile vie continue / Dans un temps lumineux de poèmes.

L'écriture de Christine Guénanten atteste que le travail du poète n'élude rien de ce monde, mais sait aussi l'interroger au plus vif des illusions où il peut se perdre :

Où va se vivre
La liberté humaine ?
Quel trait d’union trouver
Entre le temps passé
Et les robots présents ?

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Dans Méli-Mélo, par le moyen d'un carré magique, Jean-Pierre Givord met ses pas dans ceux d'un Perec dans La vie mode d’emploi, d'un Queneau le philosophe avec ses Exercices de style, des Soupault, Cendrars, Calvino et quelques autres, archétypiques membres de l’Oulipo – Ouvroir de littérature potentielle – qui ont tous osé des constructions combinatoires.
Ici, l'écriture de la contrainte n'est pas anodine, ne peut être séparée du poème lui-même. La démarche de l'auteur nous offre, par les nombres (chers à Pythagore qui y voyait le pur logos) et les chaînes de lettres (dont l'inconscient se trame), un côtoiement radical et exigeant de la matière symbolique. Un certain vertige – non sans plaisir – nous emporte.

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Si les mots s’égrènent sur la portée du temps, si l’élégie fredonne sans fin l’absence, c’est parce que l’auteur cueille son inspiration à la source de sa mélancolie.

Il y aura un chant
envoûtant le silence
des oiseaux arrivant
de plus loin que le ciel
un vent vêtu de roses
parfumera les larmes
alors nous irons boire
aux fontaines d’enfance
et nos yeux brilleront
des rêves retrouvés

« Très attaché à son pays de Loire, son introspection se met au diapason des méandres du fleuve... La nature se fait alors tour à tour muse et confidente, en un total accord avec les émotions du poète... Le duo complice engage la sarabande des souvenirs heureux...Le chant du soliste n’est jamais aussi beau que lorsqu’il devient choral... Prolongeant cette harmonie parfaite entre l’artiste et son public, les collages de Ghislaine Lejard illustrent avec subtilité la très belle publication proposée par Des Sources et des Livres... »

extraits de la présentation de Dominique Louedoc

Découvrez la note de lecture de Jean-Pierre Boulic

Découvrez la note de lecture de Claude Serreau

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La bonté comme la beauté du monde nous sont confiées. Il nous reste à siéger près du feu, à ne pas profaner le secret de la clarté. Pèlerin et veilleur, le poète nous appelle à « vivre longtemps dans la lumière »…

Chant de lumière, Le dit des jours est aussi chant d’amour. La première partie, Mots de passe, la plus courte, celle qui comporte aussi les poèmes les plus brefs, joue le rôle de prélude. Après la seconde partie, Petites heures, la troisième et dernière partie, Le fil d’un amour, la plus longue, celle qui comporte aussi les poèmes les plus longs, est centrée sur l’amour, l’amour de la femme aimée et, par-delà, un amour universel…

En écrivant

Tu fais durer la mémoire
Tu crées entre les mots
Le passage libre
D’une eau qui chante.
Rien ne l’arrêtera
Et sa voix continue
Nous met encore au monde.

La poésie de Jean-Luc Grasset qui chemine à part, de manière originale, est une poésie libre, une poésie appelant à la liberté. Comme si le poème se faisait porteur de sagesse, on découvre ici ou là des vers qui résonnent tels des maximes de vie : « Seul voyage celui qui demeure », « D’être pauvres et aimés lave le sang de l’âme », « La vérité est notre chemin ». Nourrie de l’expérience de toute une vie, la poésie du Dit des jours prend appui sur la mémoire pour, à travers les mots, en faire un tremplin vers demain…

Extraits de la préface de
Bernard Grasset

Découvrez la note de lecture de Jean-Claude Albert Coiffard

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La porte du jour, Michel L’Hostis – À deux amis, Séverine Pirovano – Kaléidoscope, Paul Verlaine Le fond de la pensée, René Guy Cadou – Un oublié quelque part, Piero de la Luna – La mort des amants, Charles Baudelaire – La Rotonde, Thomas Grison – Mon coeur goûte, Jean-Pierre Justo – Chanson de la plus haute tour, Arthur Rimbaud – Impressions d’automne, Christian Josso – Automne, René Guy Cadou – Soirée de décembre, René Guy Cadou – De toi j’aime rêver, Jean-Pierre Justo – Camille, Jean-Pierre Justo – Toujours, René Guy Cadou

Textes mis en musique et interprétés par Christian Josso Accompagnement voix, Jocelyne Josso Pour La Rotonde participation à la harpe, Marie-Laure Jeanne Herledan Dessins de couvertures, Jean-Pierre Justo, Peintre et poète

Découvrez dans la rubrique Les Vocalises deux extraits de ce CD

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« La pierre parle le langage du silence, nous questionne sur notre solidité et notre origine » écrit Rémi Deroure dans Pierres et sculptures anthropomorphes. La lune et l’eau semblent, pour lui, dégager le même pouvoir, faire naître la même conscience. On regarde les photos en noir et blanc de Michel Echaïde parler de leurs mots muets tandis que Rémi Deroure s’expose à cerner l’authenticité et le cosmique. Leurs Loire se tangentent en un point, l’un et l’autre la saisissent autant que faire se peut, nous sommes conviés à ce temps d’instance et de proximité.

Si la lune est omniprésente, tantôt nette, tantôt éthérée, gloire d’un religieux païen qui nous rapproche des hommes du néolithique, elle est aussi comme un point sur l’i qui signe la nuit dominant sans insistance le paysage de Nantes-Loire.
« Il se peut-être un texte
Une écriture du corps
Aux arrières du stylo
Dans les silences des mots »
Graphies et photographies sont guidées par la lumière lunaire.

Rémi Deroure pointe de son « doigt au cœur tendre » tout ce qui, épars, vaut d’être montré, comme un sage pointant l’astre de son index.

52 photos, dont une seule est verticale, font 52 poèmes en miroir, puis vient un deuxième temps – l’un temps pour chaque chose de l'Ecclésiaste – où le géologue géographe sculpteur, poète aussi, façonne 28 autres poèmes fait de
« Sables limons argiles
Particules des humus
Vases frivoles
Légères à leurs façons »

Flânerie presque initiatique en bord d’une Loire infatiguée par son « labeur hydraulique » sous la lune éclairante et toujours dans son entièreté. Toutes deux sont une offrande, « Lumières des amitiés » dit-il dans son dernier vers, non loin de Nantes la ville.

Marie-Laure Jeanne Herledan

Découvrez la note de lecture de Marie-Laure Jeanne Herledan

Découvrez la note de lecture de Michel L'Hostis

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L’auteur ne fait plus abonder images et couleurs de la même manière, le texte ne se veut plus un joyau, un vers luisant. Le lecteur cette fois entend et voit d’une tout autre façon, dépouillée, pauvre et désarmée, avant d’entreprendre une démarche réflexive. L'homme, ici, a émacié sa langue et reste toujours en sensations dans son sentiment d'inachèvement et d'incomplétude. Dans ce qu’il appelait déjà précédemment « l’infini vertige du Rien ». C’est la pensée qui désormais est agitée, elle est dans les alambics et les athanors du cerveau. Création et doute font partie de l’expérimentation.
(Extrait de la préface de Marie-Laure J. Herledan)

« FLOTS

Il faisait toujours nuit et il pleuvait. Les bruits de pas sur le bitume étaient assourdis par l’humidité qui englobait résolument tout. À intervalles réguliers, l’éclairage des rues se reflétait par terre, flaque orange répandue autour des pieds des lampadaires. Les silhouettes des passants apparaissaient inversées et floues dans leur hâte de se retrouver à couvert dans les bouches de métro, dans les commerces environnants. Dans la rue, il retrouvait une sécurité relative d’anonymat reconquis. Sentiment d'être englouti, de passer inaperçu dans le métro. Silhouette parmi les silhouettes. »

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Le monde et sa petite humanité sont regardés avec la tristesse de ceux qui les aiment vraiment. Ceux-là sont-ils toujours déçus ? Les luttes, toujours échouées ? Alors peut-être le poète essaie-t-il de ménager un espace plus intime, non pour se détourner, mais pour se protéger un peu. Une vitre, une fenêtre, derrière laquelle on se tient à deux, ou simplement un coin d’humour ou de tendre ironie.
(extraits de la préface de Séverine Pirovano)

Je jetais mes stylos
Le clavier la souris
Pour que plus aucun mot
Ne vienne salir le vide

Et dès le lendemain
Il me trottait en tête
Des mots qui feraient bien
Quelques vers d’un poème

Alors… Alors…

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Depuis toujours les poèmes de Claude Serreau sont comme les grand fûts d’une forêt.
Dans la page, haut dressés, ses poèmes-stèles granitiques forcent l'arrêt, nous enjoignent à la lecture, à suivre son allure. À aller là « où la vie va marcher » d’un pas encore alerte sur un chemin que le temps a blanchi. Il n’y a pas d’essoufflement mais parfois des « alléluia joyeux », des prières de croire que la vie est là, qu’elle sourd, qu’elle « marche seule à son erre ».[…]
Sur la mer trop calme où la voile est sans vent, le vieil Ulysse, au gré des mots navigants, attend l’île-poésie, non sans la dure quête de la phrase, la créance en un dire nouveau « affichant les mots inédits ». Amour et poésie sont liés d’un serment implicite, un refus d’« elle sans lui » irréductible.

Je veux qu’on sache que c’est elle
la poésie oui toujours elle
au point acmé d’un jamais dit
brûlante incarnation du jour.

Découvrez la recension de Pierre Tanguy

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Je ne peux pas oublier la première fois que je l’ai rencontrée. C’était déjà il y a au moins dix ans. Des Sources et des Livres consacrait toute une journée de lectures et de rencontres au poète Armand Robin (1912-1961). Je n’avais pas besoin de me demander si elle était poète, elle semblait avoir manifestement le signe, ce qu’on pressent sans pouvoir dire pourquoi, dans la vibration de l’air, et de façon absolument évidente. Et il me parut aussi qu’une parenté d’extrême sensibilité au monde de la nature la liait au poète du Temps qu’il fait. Ainsi, de cette attention précise et nourrie, portée à une fleur, un oiseau qui passe, ou à un brin d'herbe, fétu de paille glissant dans le vent, muet et brillant. Comme si, elle aussi, entendait leur parole, comme si, elle aussi, était capable d’en restituer les accents, dans sa langue de poème à elle.
L’écriture de Christine Guénanten éclaire l’extrême fragilité de l’équilibre de ce monde, celle de la relation que nous entretenons avec l’élément naturel, dont les bipèdes humains sont les prédateurs. Dans la dimension du présent et de l’infime, qui touche à l’invisible, dans ce proche univers que nous pouvons toucher à la craie même des mots, c’est bien une conscience en féerie qui naît, conscience en émerveillement devant la beauté nue du monde.

Extrait de la préface d'Éric Simon

Découvrez la recension de Pierre Tanguy

Découvrez la note de lecture de Bernard Hue

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L’utilisation du quatrain frappe d’emblée car le poète en utilise sept par page formant des colonnes qui soutiennent son long poème sur la nuit. L’ouvrage poétique ainsi constitué est riche de deux cent quatre-vingt-quatorze strophes de quatre vers. Il faut se laisser emporter pour un voyage de nuit qui ne finit pas, puisque pourrait en apparaître à nouveau dès la dernière page.

Pour La Nuit on peut avancer que la contrainte mathématique – l’auteur écrit aussi depuis son métier – est légère, n’enferme pas, elle donne du corps à l’architecture mais laisse l’histoire pleine de fenêtres ouvertes.

Acrobate de son langage, l’équilibre le concerne forcément, et maître d’œuvre de son poème, il avance, à l’occasion enfourche un vélo pour le vagabondage nocturne. Les rencontres plurielles sont à chaque fois, l’entame d’une petite épopée.

Tout un bestiaire s’agite. Un crocodile, un chien puissant, un cochon, des poissons orphelins, un âne sans écurie. Il parle de souvenirs, des vols dit-il, empruntés à la quotidienneté, pour nourrir le rythme de son incantation scandée au monde.

« La nuit un poète sans fiche
Répète un à un ses quatrains
Sortis de sept listes colorées... »

Deux cent quatre vingt-quatorze fois nous entrons par la clef du mot « nuit » dans des univers miniatures éloquents à l’humour un peu triste.

Repensant au Rêve parisien de Baudelaire dont le peintre Constantin Guys est le dédicataire,

« Architecte de mes féeries,
Je faisais, à ma volonté,
Sous un tunnel de pierreries
Passer un océan dompté… »

on peut avancer que noire ou rêvée, hors les murs ou intérieure, La Nuit, le long poème de Jean-Pierre Givord, est une promenade en quatrains, une peinture poétique, une errance nomade, un voyage sous la lune.

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Porter, à lui seul, est un mot qui nous entraîne pour une longue étape, n’ayant ni une semelle assez épaisse, ni une gourde suffisamment remplie. Et puis porter quoi, un vêtement pour cacher une humaine nudité, un plateau de quelques fruits ragoûtants, – attention à la pomum fruit défendu –, ou bien son bât comme le petit âne de Paul fort ? Gardons l’image. Attelée comme un bourricot, la plume a dépoté petitement ce qui battait contre ses flancs, à savoir une collection de noms, de vies riches faisant litanie, pour réaliser une trinité d’opus, un microcosme à trois topos :
Un jardin ouvert, Hortus apertus, huis pas clos, une création, un album d’amis, Album Amicorum, des mots d’à travers temps et espace et un congé, Vale, qui serait une pensée sapientiale.

Le vocabulaire est baroque dans cette trilogie, alogique et biscornu, hétéroclite parfois. Il fallait dire à la plume comment les poètes et les artistes rencontrés au très creux des ouvrages ont fait trace. Leur voix, leur acte ressurgissent et guident la méditation lyrique adossée au tronc du langage, comme un hommage et une gratitude. Corpus bourratif ? Paradoxalement ce semble l’épilogue de ce qui parait avoir été manne légère. Aujourd’hui encore. Les mots du poème, leur musique, ne sauraient-ils à jamais rassasier ? Tout juste l’écriture/lecture est-elle un exil jalonné de haltes, rencontres, conversations et concordes. Ceci peut d’une certaine manière se communier – de coinonia qui est une mise en commun.

« Je veux me libérer des deux, trois gros bouquins que je porte en moi et que je nourris depuis toujours disait Cendrars dans Bourlinguer ».

Il s’agit par conséquent plus sans doute de transporter – que de porter – à son bord une cargaison luxueuse et inestimable qu’on se donne d’acheminer à un bon port dont on ne sait le nom, pour ne le laisser pas en sa thébaïde. Comme le fait le facteur de Tati, à sa manière, la plume porte ses lettres sur une draisienne qui semble maladroite et malaisée, à qui veut. Reçu redonné ou, pour le moins, tenté de confier, voilà tout. Quoi, est une autre affaire ne cessera de penser la plume.

αυτός είναι ένας τρόπος να κάνουμε συμμαχία
זוהי דרך לכרות ברית
de la Genèse au chapitre neuf verset neuf.
Façon de faire alliance.

Découvrez les notes de lecture de Claude Serreau, de Séverine Pirovano, d'Eric Simon et d'Alain Cochet

Découvrez dans la rubrique Les Vocalises un extrait d'Album Amicorum, lu par Cédric Zimmerlin

			Hortus apertus, 102 pages, 12 €.
			Album amicorum, 110 pages, 12 €.
			Vale, 74 pages, 12 €.

Berît Diatéké, l'ensemble des trois livres sous jaquette, 25 €.

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Je joue avec les mots, je joue avec ma voix.
Et puis ils se posent, là. Ils me sourient.
Ils me disent : regarde, on a dit ça, nous.
Parfois je ris ou je pleure
en même temps que j’écris.
Ce n’est pas la réminiscence de l’émotion.
C’est la force du mot.

En filigrane dans ses pages qui forment une chapelle – au sens de lieu consacré où l'on conservait les reliques des saints – la compassion prend tout son sens.

J’écris.

Je choisis ardemment mes mots.

Elle avait déjà, dans un premier ouvrage, exhumé un absent par un patient travail de réminiscence. On pouvait parler de tentative orphique. Ramener le disparu, pour un temps de ré-surrection. Non pas rester de pierre, mais en déposer quelques-unes, comme dans la tradition juive, à l'endroit de celui qui s'est effacé et lui faire mémoire. Ériger une stèle de mots. Séverine Pirovano parle aussi de l'ivraie de ses morts, elle dit que « la mémoire mord », qu'un danger peut menacer, qu'on ne peut que se tenir à distance, dans cette zone double et contradictoire qu'est l'abandon, une ascèse entre le mortifère et la légèreté, à l'aube du jour qui point.

Séverine Pirovano est née en 1974.
Elle vit à Nantes. Elle a animé des ateliers d’écriture de 2009 à 2013.
En 2014, elle a participé aux Rencontres poétiques d’hiver à l’Université Permanente de Nantes.
Elle a été publiée dans la revue poétique Cabaret.
Elle a publié aux Éditions du Petit Pavé Demeure l’absent (février 2019).
Memo(r) est son premier recueil poétique.

Découvrez les notes de lecture de Marie-Laure J. Herlédan et d'Yves Fravalo

Découvrez dans la rubrique Les Vocalises deux poèmes de Memo(r)

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je crisse dedans
je ris aussi un peu
je ris de moi
quoi d’autre à faire
le ridicule n’est pas mortel
mais il blesse
et sa blessure est l’âme
quel autre salut ?

Qu'est le poème ? Que dit le poète ?
" Se préoccuper de poésie c'est serrer les dents, changer de ton, casser le rythme… Les mots forment le corps inconnu du poète, le poète est nu dans les mots » disait Éric Simon dans un entretien en 2005.
Après La lampe d'un damier et deux années, L'auteur recommence, ou poursuit on ne sait, le poème et le repose sur le métier avec un titre interpellant. Là encore il tourne autour des mots, les retourne, en pèse le poids, va au-devant d'eux, tente de soulever un pan de la trame qui se tisse grâce et malgré lui. Cet ensemble de poèmes que constitue Une troisième personne du singulier a à voir avec la matérialité même du langage, la création d'une parole."

Éric Simon est né à Nantes en 1967. Publications intermittentes dans des revues : Traces, Cahiers de la rue Ventura, Traction-Brabant, 7 à dire, Verso, N4728, etc.
Quelques livres : Pages et seuils et de la nuit sentinelle (éd. Petit Pavé, 2014), Couleurs de mots (avec des collages de Ghislaine Lejard, éd. Soc et Foc, 2015), La lampe d’un damier (Des Sources et des Livres, 2018).
Récitals : interprète Apollinaire, Rimbaud, Cadou, Du Bellay, sur ses mélodies.
Anime régulièrement des lectures et des rencontres de poésie à Nantes.

Découvrez les notes de lecture de Séverine Pirovano et de Claude Serreau

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Voyage très personnel sans doute, mais comme l'écrit l'auteur : " Au départ, il y a toujours un choc, une émotion. Le poème est une poussée de mots. Les mots ont des choses à dire, bien au-delà de ce que je veux leur faire dire. Et le lecteur a lui aussi des choses à entendre et à leur faire dire, mais ce n’est plus mon affaire. " À chacun dès lors sa propre déambulation poétique…

Né en 1938 à Saint-Nazaire Alain Lebeau a passé mon enfance à Nantes. Éveillé à la poésie par Yves Cosson, professeur de français au collège moderne de Nantes qui lui fait découvrir Max Jacob, Francis Jammes et René-Guy Cadou. C’est grâce à un court séjour en Fac à Rennes qu'il rencontre Gilles Fournel et connaît Georges Perros qui a bouleversé sa poésie. Revenu en 1963 dans la région nantaise, il a aussitôt intégré l’équipe despoètes autour de Michel-François Lavaur, pour une aventure riche et poétique faite d’amitiés solides avec Laroche, Lelubre et Serreau et tous ceux qui fréquentaient la fourbi-thèque de Lavaur au Pallet. En 1983, il était au côté de Luc Vidal pour l’ouverture de Signes aux Éditions du Petit Véhicule.

Engagé comme enseignant dans de nombreuses missions humanitaires, notamment en Afghanistan, au Maroc, en Algérie, au Nigeria et en Égypte, il n'a pas cessé de publier une oeuvre abondante.

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« J’apprécie l’art du peu chez Pierre Tanguy, sa capacité à dire le tout dans le presque rien. On devine le sourire en retrait, d’une mélancolie surmontée. (...)

Entre « la gloire du peuplier » et « la douloureuse expérience d’être », il est « inconsolable » et « ébloui ».

Comme une pierre-à-feu allumant ne serait-ce qu’une étincelle…»

Extrait de la postface par Joseph Thomas

Découvrez la note de lecture de Marie-Jossée Christien

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Jean-Claude Albert Coiffard extrait de "Mon île" dans le recueil En ma mémoire obscure

« On sait, à lire le poète Jean-Claude Albert Coiffard depuis des années, la douce et grave légèreté de son lyrisme subtil et maîtrisé. Beaucoup l'ont écrit. Il possède son univers, tissé d'une pièce, avec les fils d'un passé vivace et d'un présent d'ici. Il nous fait entendre à chaque recueil une musique qui touche à l'âme par sa délicatesse même et continue d'explorer, dans une démarche de tout son être, les richesses qui lui sont données, offrant un miroitement d'images tout en frisson d'émotions et de sensibilité.(…) Dans cet ouvrage au titre cependant sombre (…) une clarté semble éclairer, au tréfonds, les parois de son souvenir. Il se fraye, avec une apparente simplicité, un chemin dans la remémoration et l'indicible, voit dans le noir, traverse de l'ineffable, promène – dit-il – ses doigts sur la harpe du temps. »

Extrait de la préface de Marie-Laure J. Herlédan

Découvrez la note de lecture de Claude Serreau

Découvrez la recension de Pierre Tanguy

Poèmes, avec cinq illustrations de l'auteur, 15 €.

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Titre d'un roman d'André Gide, L'allusion biblique de « la porte étroite » (Matthieu 7, Luc 13) du titre, ouvre la grande aventure du désir d'exister : « Laisse-moi passer gardien de la porte du levant »

L'inspiration religieuse parcourt le poème. Le vieux sacré ancestral jaillit : « L'Homme a les pieds dans la terre pure », « les temples sont dressés vers le soleil » et un religieux plus proche aussi « parvis de chapelle » et « éclats de vitrail », parfois de façon puissamment poétique « prosternation des grains de silice portés par le souffle du vent ».

La bible y fait paysage : les cèdres du Liban sont droits sortis de l'Ancien Testament et donnent l'ombre aux filles de Sion qui attendent. Qui ? Quoi ? « royaume venu et à venir ». Le poète quant à lui est tout à son antienne : l'homme peine à faire humanité en terre de Bretagne ou d'Israël mais le poème, lui, se construit et l'homme à travers lui.

Le parti pris de la richesse des mots n'est pas vain : « émulsion flaccide, concussions venimeuses », la préciosité ne fait pas reculer. Elle participe de l'ensemble pour peindre une création du monde. Ni non plus les inventions lexicales : « Les bouches inarticulent, les mouches bleues métal viornent ». Le poète fait abonder images et couleurs : « Le bleu gris des nuages étoilés de jaune, l’eau verte des cieux ». Tous les sens sont sollicités : « les fragrances rétiniennes s'exhalant comme un velours luisant »

L'homme au maigre langage, si fertile soit-il, reste pourtant tout en sensation dans son sentiment d'inachèvement et d'incomplétude, il est face à : « l’infini vertige du Rien »

Dans cet infini, ce non fini, le poète « palpe les intangibles franges de sa vérité ». Perdu dans l'espace de nuit pascalien effrayant, reste la tendresse d'un petit prince s'interrogeant sur le monde « l’esprit lové comme un petit chien tiède », peut-être celui de Tobie. La vie s'écrit malgré tout, seul le poète dans sa grande liberté, peut participer à ce sacre : Le front ceint, auréolé d’étoiles »

Par delà la crainte des grands malheurs, on entend néanmoins que « le vent mauve du petit soir » rend plus douce la nuit et qu'au grand jour de demain, une « Bretagne ruisselante » avec son « gris granit maculé de taches circulaires de lichen vert jaune » lève sa plume au niveau monde « à la gloire de la vie ».

Découvrez dans la rubrique Les Vocalises trois poèmes

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Jean-Paul Teyssier va tantôt à la rencontre de la ville, de la nuit, des humains, de la création. Là où un grand froid pourrait le saisir, un grand effroi aussi, il s'en va en déambulation faire un poème, l'esprit toujours en veille, à l'écoute de la générosité du monde. Il la cherche absolument, veut se fondre avec elle. Les ténèbres inquiètes se dissipent par son regard clair porté sur tout, sur un rien même.
Le clown dans sa tristesse perçoit, émerveillé malgré tout, une certaine lumière.
C'est un homme qui se tient debout.

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[…] des mots, des vers rimés ou non, riches d’expressivité et de sensibilité, tendus sur les haubans pour voguer la galère ou prendre le sillage des cap-horniers de Trentemoult, le large toujours le large, mais aussi l’intime et l’infime, l’émotion qui passe ou qui suspend le geste, le mot qu’on est tenté de dire et qu’on retient, sur le bord de quel vide, de quel manque, de quel souffle manqué, haletant ?… Et tout cela construit selon une dramaturgie alliant le sens de l’épisode, la présence plutôt que l’esquisse seule d’un personnage, et la vibration fébrile ou ardente d’un sentiment, la patience clairvoyante d’un regard, yeux bien ouverts ou clos sur le rêve le plus irradiant, comme sur le jour intermédiaire des illusions déchirées.

Extrait de la préface d'Éric Simon

Découvrez la note de lecture d'Eric Simon

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Que dit sa poésie, que dit son écriture, que dit le poète ?

« Se préoccuper de poésie c'est serrer les dents, changer de ton, casser le rythme... Les mots forment le corps inconnu du poète, le poète est nu dans les mots »¹ disait Éric Simon dans un entretien en 2005. Nous voilà entretenus, pour une part, du rapport qu'à le topographe avec ce qu'il écrit.

L'auteur de On n'écoute quelqu'un, En relisant Rimbaud, Poèmes narrés, Il l'absent, mais aussi d'un essai sur le sacrilège et l'imposture dans les œuvres de Barbet d'Aurevilly et de Bernanos, d'une pièce de théâtre intitulée Le sommeil du prince, loue volontiers ses « amis inconnus » : Baudelaire, Reverdy, Dadelsen, Apollinaire, Jabès, Char, Cadou... dont il célèbre certains poèmes en musique.

Nantes est le lieu de son écriture, il parcourt cette ville continûment à pieds, à vélo : « Je la cherche encore, comme si elle continuait à s'inventer sous mes yeux, sous mes pas, elle reste difficile à cerner »². Parle-t-il de l'écriture même ?

Au rythme de ses pas et de ses pédalements, il arpente, avance, grave et étonné, découvre dans les rues et dans les mots « Je marche, je piétine et je creuse... »³, questionne, se questionne, pousse loin les limites de la seule phrase ou du tapon de mots : « Il y a le rythme du poème, extraordinaire révélateur de la personne du poète... »⁴.

Lui suffisent-ils cependant, ces mots que le lecteur parcourt sur la page, disent-ils le regard porté, la pensée venue ? « J'ai l'impression qu'ils disent toujours autre chose. Je voudrais beaucoup de clarté et j'ai bien du mal à l'atteindre, à l'approcher. Il y a des masses de mots à fendre, comme granit, ce travail est bon... »⁵.

L'arpenteur avance néanmoins. Il le faisait déjà dans pages et seuils de la nuit sentinelle, mais avec doute : « Il est possible que l'art de l'arpenteur soit tellement subtil qu'il disparaisse avec lui ». Dans ce nouveau recueil le pas est plus sûr, le vélo solide, une lampe éclaire. Si la ville n'est pas sereine toujours « dans les rues qui prennent froid »⁶, si sur la « rocaille de malencontre » il a failli trébucher, si le poème à le droit « d'attendre le vide », il ne s'arrête pas car il y a une « coupée de lumière », même s'il n'y a « pas d'éclat où chanter le mot », ou s'il fait échec, l'aède s'essaye à nouveau à « chanter l'encre », car « la page reste du côté de la lumière » de La lampe d'un damier.

Éric Simon a sa cadence. Il a le temps. Un andante régulier « Il y a le temps où l'encre cherche sa craie ». Nous accompagnons son soliloque, car la musique en est belle, le mot, même répété deux fois, même en litanie nous éclaire nous aussi lecteur. « La question du poète, question au poète » nous est posée, on en entend les notes, la suspension de toute réponse le temps de se reprendre, de s’asseoir. Et le poète alors assis fait mémoire de ses amis.

« Voici deux textes, deux ensembles bien différents. Ce n'est pas le même travail d'écriture, mais j'y suis bien attaché et c'est bien moi.  » écrit-il dans un lettre de juillet 2018.

Après de longues discussions et avant l'édition ne varietur, les textes ont été groupés en un ensemble de deux recueils consacrés à « l'éloge de la rêverie » au « geste de pur poème ».

Marie-Laure J. Herlédan

Découvrez la note de lecture d'Yves Fravalo

Découvrez dans la rubrique Les Vocalises un des Quatre ou cinq poèmes de vives voix

La lampe d'un damier, suivi de En quatre ou cinq poèmes de vives voix, les deux volumes sous jaquette 17 €.

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C'est aussi un plaidoyer pour un art poètique où la simplicité des formes est l'alliée de la finesse du propos afin que nul ne se sente interdit d'y accéder.

" Être poète
Je n’y arriverai jamais
J’ai beau me creuser la tête
Les mots ne répondent pas à l’appel

Tête de pioche ! me dit le maçon
Prends ton courage à deux mains et d’une ton crayon
Mot après mot, avec un bon mortier
Tu bâtiras tes pensées
Construis du solide, du beau, du bien charpenté
Des textes qui parlent d’amour et d’amitié..."

En effet :

" La poésie n’est pas une chasse gardée
Tout le monde a le droit de s’y nicher "

Quatre photos des Animaux fantastiques créés par Anne Maurice viennent accompagner toute la joie créative de ce recueil.

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La grève cousue de roches
Ruisselle de tous les songes
Des odeurs de goémons...

Auteur d'une ample oeuvre poétique, Jean-Pierre Boulic s’est vu attribuer le Grand prix de poésie Louis Montalte de la Société des Gens de lettres à l’automne 2010 et, en mai 2014, le Prix Yves Cosson de poésie de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire.

Découvrez les notes de lecture d'Yves Fravalo, de Jean-Claude A. Coiffard, de Thierry-Pierre Clément, et de Stéphane Bataillon

Découvrez la recension de Pierre Tanguy

Poèmes, accompagnés de quatre dessins de Nathalie Fréour, 15 €.

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Il nous donne ici le vif d'une écriture au plus proche de son expérience où les embûches de la vie n'excluent pas l'humour et la tendresse.
Dans le poème "je n'irai plus au bois" il les dédie...

...À ceux qui portent leur regard
Au-delà d’eux-mêmes
Pour défier la nuit

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Depuis toujours les poèmes de Claude Serreau sont comme les grands fûts d'une forêt. Sur chaque page une essence différente « qui sait gratter la soupente du ciel... ». Poèmes-arbres avec racines et tronc occupant verticalement la page. Tandis qu'il descend profondément les fragments de son écriture pour puiser dans une terre légendaire, le mot s'élève dans sa gravité, gravé à jamais : « Sur son écorce se dessinent les révoltes / qu'il a su taire, et l'isolement grandit / en force sa manière de résister. Quand dans les vallées s'exaspèrent la sécheresse et la stupeur du monde, par la fenêtre de ses branches / l'espoir se hausse au cœur de la Cité ». Le poème apparaît ainsi dans sa majesté. Puis sa vaillance reprend perpendiculaire après un verso de repos. Il n'y déroge pas, le prophète est têtu, il dit qu'il se répète en sa métaphysique, depuis la nuit des temps. C'est toujours la même chose dit-il en souriant. Vieux Quohélet au yeux d'enfant qui aspire malgré tout à s'émerveiller, tout effrayé qu'il est cependant. Son « courage découpé dans l'arbre du matin ». ...

Découvrez la note de lecture complète de Marie-Laure J. Herlédan et la préface d'Eric Simon

Découvrez la recension de Pierre Tanguy

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Ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est que dessin et écriture sont en conversation. La forme généreuse donnée à la fleur de lilas, l'utilisation d'un trait minimal pour une rose, dialoguent avec les poèmes de Jean-Claude Coiffard dont les phrases brèves s'apparentent à des haikai que Bashō, en habit de moine dans son ermitage aurait dicté à un disciple. De son côté, le travail si singulier de Nathalie Fréour n'est pas sans évoquer la stylisation audacieuse, par-delà le temps, du Japon ancien.
Dès en ouvrant le recueil, en entrant dans le jardin, l'écriture se fond dans le paysage et le paysage restitue l'écriture. La simplification des motifs de la peintre, parfois dans ses dernières limites, invite – ou est-ce l'inverse – la plume du poète dans des retranchements épurés.
Graves et légers tous deux harmonisent. Les sanglots des glycines font-il plus de bruits que les cris des enfants, voit couler à son côté un pampre douloureux sur une joue imaginée. Mais aussi la foison fleurie de pruniers blancs est au bord du rire qui se répand sur la page poussant ainsi aux éclats de mots : Elle attendait le Petit Prince / elle accueillit des pucerons / la rose.

Qu'hommage soit rendu à deux artistes : Nathalie Fréour et Jean-Claude Coiffard qui, chacun dans leur art, inventent une ode pour un jardin ouvert, plein de roses.

Découvrez la recension de Pierre Tanguy

60 pages grand format sur papier ivoire, 15 €.

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Pour Christine Guénanten, la poésie sauve le monde à chaque pas, à chaque souffle, à chaque éveil, à chaque instant. Avec allégresse, elle ne cesse d'écrire à sa santé. À la tristesse, elle oppose le pain des jours, le miracle de la beauté, le fil d'or de la joie. On ne saurait mieux dire...

C'est par ces mots que Jean Lavoué nous invite à la découverte d'un choix de poèmes de Christine Guénanten, longtemps mûris dans de précieux cahiers et glanés par Marie-Laure Herlédan.

Ainsi nous nous souvenons que Le poète travaille / il déplace les mots / les silences, / met de côté la tristesse, / colorie l'horizon / l'Avenir et Libère de l'obscurité / Le feu de la prochaine aurore. Nécessité du poème !.

Découvrez la recension de Pierre Tanguy

110 pages, 12 €.

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Cependant...

[...] il n’est d’art
avec les mots
que si paraît
miraculeux leur assemblage
et juste deviné le
contour flou d’une émotion
dans ce qu’alors
mais alors seulement
on peut bien oser
nommer poésie.

Ce recueil le montre à l'envi !

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L’encre est levée. Une fois encore
comme chaque matin, après des jours sans avancer dans le même voyage Claude Serreau reprend le tramail, dit qu’il se sert des mots comme d’autres de pinceaux ou de notes, les nouant, quêtant l’ultime sens et attendant en un voyage immobile, l’étincelant inattendu jaillissant de l’œuvre au noir.

Il n’oublie pas les amitiés fraternelles, et mange, en poèmes partagés, le pain de la chaude tonalité des voix de ceux d’avant et d’avec lui. Les amis des lettres, ceux qu’il nomme les maîtres-ès-écritures.

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Autodidacte, au plus noble sens du terme, c'est en gardant les yeux ouverts sur le monde, la ville et la nature, et avec sa sensibilité propre et une immense tendresse pour ses semblables et ses complices, les mots, qu'il a su mettre au service de l'art ses observations et les images qu'elles suscitèrent, visuelles ou sonores. Norbert, c'était le sourire et la main tendue, le coup d'œil malicieux, une générosité et une profondeur qui se retrouvent dans ses textes dont l'association des Sources et des Livres a eu la judicieuse idée de rééditer certains afin que d'autres lecteurs puissent pénétrer dans cet uni-vers de lucidité et de beauté, lyrique et chaleureux, qu'il savait créer.

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Bretonne née à Vannes, Christine Guénanten, est inspirée par les paysages dans leur infinie couleur. Ses yeux se posent et recréent l'eau de la fontaine, l'herbe du champ, le ciel. Alors, elle délivre « un océan de mots, un accueil à la fête, un flambeau ». De son émerveillement désespéré elle fait naître poème, une hirondelle est à son côté qui l'emporte sur son aile car il lui faut « louanger » perpétuellement : c'est l'embellie radieuse du quotidien banal. Elle fait cantique même à la mort qui, ainsi accompagnée en terre, laisse naître un arc-en-ciel où « l'oiseau s'élance dans le tableau ouvert au vert des larmes ».

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