" Plumée d'encre, ce qu'on peut prendre d'encre avec une plume pour écrire " Nouveau dictionnaire encyclopédique universel illustré, Jules Trousset (dir.), tome 4, La librairie illustrée, 7, rue du Croissant, Paris, 1875 |
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« Oraison
Ô mots, tous les mots blancs, verts, bleus, jaunes, rouges noirs, du gouffre et de la cime, tous les mots semblables et contraires, unissez-vous en frères de la primitive famille de la phrase originelle. Laissez-vous cueillir comme on fait pour les fleurs, laissez-vous récolter comme on fait pour les fruits. Acceptez que de tous on compose une gerbe d'amour évoquant le sonore serpent aux longs anneaux d'éternité, que par vous il remonte entre les lèvres demeurées au seuil de l'Aurore Première. Parmi la misère farouche du siècle en folie, ô mots de la Nature, du mystère, de l'Humanité, mots émanés du Verbe qui fit la Lumière Physique, mots depuis un refuge dans les gorges des êtres et failles des choses, reconstituez-vous dans une équivalente énergie,capable d'extraire cette fois, du fond de la Ténèbre envahissante, une Lumière Morale aux rayons tout fleuris de la fraternité. Condensez-vous, Mots redivinisés, dans la bouche d'un Être unique fait de tout et de tous, et, par Lui, nous tous ensemble, parmi cette heure sombre où nos âmes s'égarent aveugle, clamons, pour un magique éveil de l'entière Beauté, clamons en retour, éperdument, nous les infiniment petits de l'infiniment grands, nous les atomes, nous les hommes, nous les monstres, nous les efforts et les génies épars de l'Univers, clamons à notre tour dans les oreilles d'Or de l'Avenir par cette bouche formidable de l'espoir qui deviendra la nôtre, la phrase initiale du Semeur universel : « Que la Lumière soit !!! » Saint-Pol Roux
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« On
ne lira pas les poèmes, on les vivra, on leur passera au travers
comme au travers de l’ouragan et de l’incendie, on les cueillera
comme les fleurs et les fruits, on les possédera comme des femmes,
et l’on rira du temps où ces femmes, ces fruits, ces fleurs,
enclos dans des livres, dormaient sous les poussières graduelles des
bibliothèques »
Saint Pol Roux |
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Partout
on tue
À quoi servirait-il de fuir ? Partout on tue, on incarcère. Le monde est lassé à mourir De tant de haines et de guerres. Et l’on a beau scruter le ciel, Chercher derrière les nuages Une lueur providentielle, Rien que la nuit, que les orages. Et l’on a beau vouloir parler À cœur franc de ce qui nous hante. La crainte nous serre le ventre, Et personne n’ose parler. Et l’on a beau vouloir crier Qu’on a les pieds, les mains liés. Comme personne ici ne crie, On se tait par humilité. Maurice Carême |
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Photo de Michel Echaïde
Statue de Rémi Deroure |
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Dessin de Rémi Deroure |
Au matin frais lorsque s'éveille le jour Les campagnes multiples viennent au secours Du rêve d'un poème conscience des lumières Dispersions toutes variables en ces années tenantes Découvertes de la veille reitérée au soir Ainsi toutes parcourues les journées s'éloignent
Rémi
Deroure
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Par la dernière larme Par l’ultime halètement Par le dernier frémissement Par le moineau qui s’envole… Par la dernière chanson… Par le vent qui se lève Par le matin qui vient Tout simplement Je vous rends grâce Xavier Grall |
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Un poème qui roule de tous côtés sur le papier, comme une goutte d'eau sur une feuille de lotus… …Il a plu un rayon de soleil le lac reflète un pin tout revêtu de gouttes d'eau… …La goutte d'eau à l'extrémité de cette aiguille de pin prête à s'unir à la mer tremble hésite Paul Claudel
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À la fois sur terre Ou dans la voix du vent L'ange au violon Verse de l'or Dans ma prison de peurs Christine Guénanten |
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Le
lecteur
Il noie son regard dans l'ombre entre le recto et le verso Il glisse sur la courbe de la page vers l'angle obscur Déjà il s'était réfugié dans l'angle de deux murs qui découpent le ciel À l'écart mais au centre du compas là où l'écartement s'opère. Paul Couedel |
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Violet
d’arc-en-ciel
Unique violon ! Au cœur de Brocéliande, Les oiseaux, les chevreuils Mangent dedans nos mains. Toujours une chanson, Un murmure, un écho, Une petite voix Quelque part devant nous. Christine Guenanten |
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En ce temps-là On buvait le lait des jeudis En courant après les herbes Et quand la terre des talus Ombrait nos mains et nos culottes On chipait au soir Ses ourlets de jonquilles Pour conjurer de leurs soleils Les colères maternelles… Et quand je m'endormais Dans les langes de la nuit Je posais doucement Ma tête Sue la page blanche de l'oreiller Pour ne pas écraser mes rêves. Yves Petit-Loisel |
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Je
pourrais vivre plus longtemps
si je m’appliquais à mieux expirer Je pourrais vivre plus vieux si je faisais fondre ma tondeuse à décapiter les têtes de pâquerettes pour en faire des ponts Je pourrais vivre cent ans si j’écoutais plus souvent les Mésanges et les Sitelles à la mangeoire commune Je pourrais vivre… Ils auraient pu vivre un jour de plus si les éclats bleus du ciel n’avaient pas saccagé leurs parterres de jonquilles Alain lebeau Mars 2022 |
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Toujours le chaud nous revient au
Printemps
Avant le 21 le règne se prépare En ordre dispersé d'espèces assemblées Toujours au sol on sait y reconnaître L'aubépine précoce diaphane, vertigineuse Ainsi la pluie aussi y fait des siennes Souvent y verse-t-elle sa grâce Au ciel des lumières Aux années revenantes Petites feuilles arrivent Sur les menus branchages Génie des grands génies La nature sait y faire Des beaux substrats terreux Terre à terre Elle revient bien fidèle Bonheur des origines Au loin et en tous lieux De la grande saison fêter les fleurs d'ici Rémi Deroure |
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« Tout était si calme Tout était serein… …Mon Dieu que mon chant ait le pouvoir céleste de toucher les cœurs humains »
le 25 février 1814, c’est-à-dire hier, est né en Ukraine Taras Hryhorovytch Chevtchenko surnommé Kobzar. C’était un poète, un peintre mais aussi un humaniste, un philosophe et un sculpteur. L’université de Kiev porte son nom. Il est une icône de la résistance contre l’oppression tsariste. Fils de paysans serfs, il s’est toujours affirmé dans la lutte contre l’injustice. Son poème Rêve lui a valu de se voir emprisonné. Jusqu’à sa mort il a été sous surveillance pour ses écrits.
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Plumée d'hiver Il me souvient de messire Ysengrin qui voulut un jour Entrer dans une bergerie, Mais par crainte des chiens, Il endossa une peau de mouton Et trompa leur surveillance, Puis il dévora par trahison Les bêtes qui lui plurent. Peire Cardenal Plumée de printemps J'aime bien sentir l'haleine De l'avril qui devient mai J'aime qu'à la nuit sereine Chantent rossignols et geais Puisque toute créature S'éjouit quand feuille naît. Arnaut de Mareuil Mon siècle ne me fait pas peur, Je ne suis pas un déserteur. Mon siècle misérable, scandaleux,
mon
siècle courageux,
grand
héroïque.
Nâzim Hikmet
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Il suffit de quatre vers de cinq pieds pour nous mettre en présence de l'énigme de toute vie. Jeanne-Marie Baude |
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Pour moi, je n'ai jamais regardé sans une espèce de vénération l'espace profond et sacré, et lorsque, cheminant le soir, je le contemple, je me dis parfois que tous les hommes, depuis qu'il y a des hommes, ont élargi leur âme en lui, et que si les rêves humains qui s'y sont élevés laissaient derrière eux, comme l'étoile qui fuit, une trace de lumière, une immense et douce lueur d'humanité emplirait soudain le ciel. Poèmes en prose Jean Jaurès |
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« Aller à la vie des mots le fond giclant soudainement de la forme. Pour y parvenir, il faudra que le mot remonte à sa source, s'y trempe, y reprenne son originelle vérité, son énergie première il faudra dis-je que la parole redevienne le Verbe et que les mots éteints se refassent lumineux » « Le mot se meurt il faut le vivanter » Saint Pol Roux |
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Je
cherche des images comme des passages qui mènent à
l'ici-bas, réconciliant poésie et pesanteur terrestre...
Les mots qui ne sont pas émus par les rencontres du chemin ne
parlent pas.
Michel
Baglin
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On
se demande pourquoi la foudre les a frappés plutôt que
d'autres. Pendant que j'écris ces lignes, je pense brusquement
à quelques-uns de ceux qui faisaient le même métier
que moi. Aujourd'hui, le souvenir d'un écrivains allemand est
venu me visiter. Il s'appelait Friedo Lampe Patrick Modiano |
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Où ?
Guillevic
Sphère
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Je tiens le monde par l'oreille. Celui de la maison, celui du dehors, celui du village. L'oreille devient musicienne Depuis l'apprivoisement du silence je me méfie des mots approximatifs et des paroles inutiles. Marie-Rouanet |
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Je méditais ; soudain le jardin se révèle Et frappe d'un seul jet mon ardente prunelle. Je le regarde avec un plaisir éclaté ; Rire, fraîcheur, candeur, idylle de l'été ! Tout m'émeut, tout me plaît, une extase me noie, J'avance et je m'arrête ; il semble que la joie Était sur cet arbuste et saute dans mon cœur ! Je suis pleine d'élan, d'amour, de bonne odeur, Et l'azur à mon corps mêle si bien la trame Qu'il semble brusquement, à mon regard surpris, Que ce n'est pas ce pré, mais mon œil qui fleurit Et que, si je voulais, sous ma paupière close Je pourrai voir encore le soleil et la rose. Anna de Noailles |
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L'arbre vêtu de bure Sur le prie-Dieu des feuilles Jean-Claude Albert Coiffard |
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Un seul jour
suffirait
Une
belle journée Facile à
vivre
Avec
de grands yeux étonnés
René Guy Cadou |
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Les lettres se figent parfois dans un grand spasme de surprise
d'où surgit l'étoile illisible, le hiéroglyphe
fulgurant, qui traverse à deux mille à l'heure les lianes
de notre cerveau, créant l'explosion libératrice avec ses
tentacules de silence, ses éjaculations de savoir, ses
certitudes indémontrables dans la prairie de la mémoire
rétractile. Ainsi s'instaure l'acte poétique, à
l'instant où surgit, entre désir et mort, le néant
exacerbé.
Jean-Paul Plantive |
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La petite fille aux cheveux d'argent
regarde tendrement son jardin, il y faisait des légumes, elle,
des fleurs « Mais il n'y en a plus beaucoup
maintenant ». « Je voulais vous prêter ce
petit livre de poésie « c'est un Grec ».
« Ritsos, oui, c'est cela ». « Il me
plaît beaucoup ». Et elle se met à
réciter :
« Les
bouvreuils sont venus et restés seuls. Rangées de bancs dans le jardin. Sur l'écran d'une rose blanche Jouait l'ombre de la toile d'araignée. Plus tard une étoile est venue puis une abeille » Elle hésite, ne se trompe pas, continue souriante et triste : « Et là, au moment du baiser, le film s'est cassé. Soudain plus de lumière, le jardin a pris congé, Les feuilles sont tombées, restèrent les épines. » MLJH La
vieille dame
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Mais quand toutes les nouvelles sont dites et que j'ai bien rendu mes devoirs de paroles aux gens qui parlent, je m'enfuis d'un pieds léger, je vais reconnaître au bord des chemins mes amis de tous les talus. Ils sont là qui m'attendaient, les petites jeunettes : Brunelle, Potentille, Pimprenelle, l'enfant Serpolet et la jolie Raiponce ; puis les anciennes, les sérieuses : Achillée, Matricaire, Benoîte, la grande Jacobée et le petit grand-père Séneçon à la barbiche blanche, le bonhomme Plantain, le compère Barbeau, l'Aigremoine Et tout à coup au milieu d'eux, je retrouve mon pays, mes proches Marie Noël |
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Je te donne
à lire le livre qui est dans le livre et le mot qui est dans le
mot. Edmond Jabès, El, ou le dernier livre |
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Je marche auprès de moi, parfois, en tenant par la manche l'enfant si frêle que je fus : pour tenter en vain de me connaître mieux Je ris souvent de moi, jusqu'à l'éclat, la grimace ou la folie, en particulier quand, tirant mon épingle, je constate comme vous peut-être que ce n'est jamais qu'un jeu Songeries
d'un Jean-Marie Gilory |
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Chapelle de Hameau
À Francis Jammes. Sur champ de sinople. Saint-Pol-Roux
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Dit de la Force et de l'Amour
Entre
tous mes tourments entre la mort et moi Il
y a les maquis couleur de sang d'Espagne La
lumière toujours est tout près de s'éteindre Et
la chaleur aura raison des égoïstes Toi
qui fus de ma chair la conscience sensible Paul Eluard |
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" Cet instant où la beauté, après s'être fait longtemps attendre surgit des choses communes, traverse notre champ radieux, lie tout ce qui peut être lié, allume tout ce qui peut être allumé de notre gerbe de ténèbres " René Char " Vous croyez en ce qui monte de votre base, et pourquoi non en ce qui descend de notre sommet ? L'expérience, d'accord, mais si le sujet vous dépasse, à moins qu'il ne vous surpasse, ou si vous êtes dépourvus d'instruments adéquats, immolerez-vous ab ovo, sans plus, le bel oiseau. " Saint-Pol-Roux |
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La racine n'est qu'espérance, montée patiente dans le noir vers le jour qu'elle ne sait pas et ne verra jamais Marie Noël |
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Qu'est-ce que le cerveau humain, sinon le palimpseste immense
et naturel ? Mon cerveau est un palimpseste et le vôtre aussi,
lecteur. Des couches innombrables d'idées, d'images, de
sentiments sont tombés successivement sur votre cerveau, aussi
doucement que la lumière. Il a semblé que chacun
ensevelissait la précédente. Mais aucune en
réalité n'a péri Charles Baudelaire |
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Un écureuil dans
les arbres du bord. Aussi roux que l'automne il s'arrête. François de Cornière |
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Il faut intarissablement se passionner, en dépit d'équivoques découragements et si minimes que soient les réparations L'acte poignant et si grave d'écrire quand l'angoisse se soulève sur un coude pour observer et que notre bonheur s'engage nu dans le vent du chemin xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxRené Char
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Saint-John Perse |
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" Bene
vivere et laetari "
xxxxxx x xxxx xxxxxx xxxxx Bonaventure des Perriers |
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Le soir où Armand Robin traduisit Maodez Glandour
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" Âpreté du chant
perdu, retrouvé Xavier Grall
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Réflexions
sur la condition humaine L'Ecclésiaste 8, 9 - 9,7 J'ai examiné
avec soin tout ce qui se passe sur la terre, où l'être
humain domine son semblable et le rend malheureux. J'ai vu des
méchants à qui on faisait des funérailles. Ces
gens-là avaient fréquenté le temple. À
Jérusalem on avait oublié leur comportement. Voilà
encore une chose anormale. Celui qui agit mal n'est pas puni dans
l'immédiat. C'est pourquoi les humains sont prêts à
commettre tant de mauvaises actions. Un pêcheur peut être
l'auteur d'une centaine de méfaits et vivre très
longtemps. Je sais bien qu'on affirme : " Seuls ceux qui respectent
Dieu seront heureux, parce qu'ils reconnaissent son autorité. Le
méchant, lui, ne sera pas heureux. Il passera comme une ombre et
mourra jeune parce qu'il ne tient pas compte de Dieu. " Pourtant il
arrive sur la terre que les bons soient injustement traités,
comme des méchants. Inversement les méchants connaissent
parfois la réussite que méritent les justes. J'affirme
que cela aussi est absurde. |
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Chapelle de la Madeleine en Penmarc'h - Finistère LA RÉSURRECTION Vitrail central Jean Bazaine |
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" Je fais des moulinets sauvages en brandissant mon petit crayon comme une faux, sans parvenir pour autant à couper la végétation drue de mon esprit " Esther Hillesum |
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Il y a un chant de femme
du XIIe siècle Le soleil luit, brillant
et beau Triste et ressassant mon
malheur Sur ma mort que je vois
approcher |
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L'hiver fou
et les longues nuits
sont venus. Nous sommes
ici, la nuit est sombre Nous n'avons
pas envie de dormir, Celui qui a un
cœur, quatrain de Rûmi |
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La cloche se tait -
Les fleurs en écho Parfument le soir ! Matsuo Bashô |
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Amour
: Épair
: |
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Il arrive qu'on oublie des arbres qui pourrissent tout doucement dans la forêt mais les forêts se nourrissent des arbres morts, les forêts font feu de tous bois Soudain la chose est là, bondit, vous coupe le souffle, vous tord, un vent de panique vous secoue comme un arbre, vous dépouille, la fulgurante intuition de la contingence, de l'innimportance de tout, du vide tandis qu'une joie inexplicable se déplie, vous ouvre.
Est-ce donc qu'on
produit les mots comme un arbre ses feuilles ou ses fruits La feuille, la fleur ont déjà fait leur parcours d'assomption : tandis que la racine vous entraîne avec elle dans sa montée vers la lumière. Jean Sulivan |
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Avoir été une seconde
Dans le fouillis de ces temps-ci Une étincelle une colombe Une passerelle de vie Avoir été dans
la cohue Avoir été un
simple pétale Philippe Forcioli |
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" Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage "
"
Tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant
de millions de peuples passés au fil de l'épée, et
la plus riche et belle partie du monde bouleversée pour la
négociation des perles et du poivre ! " Michel de Montaigne |
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L'escargot
argenté, dans sa cotte de mailles, dit : " vaille que vaille, en
ce beau matin d'été, ma chance je veux tenter.
" Toute prudence et sapience, il sort une corne morne. Pan !
Quelqu'un m'a mordu, non, battu ! " Il expire, non, non, dans sa
coquille il se retire. Deux fourmis, qui transportaient un grain de
mil, déposent leur fardeau et éclatent de rire : " Grand
sot, sors donc ! Viens t'amuser ! Ce que tu as reçu sur le nez,
ce n'est qu'une graine de pissenlit ! " " Grand merci ! dit l'escargot.
Ce que vous appelez la vie, cela me fait bien trop peur ! " Katherine
Mansfield |
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Comme
la flèche à la corde résistant,
Pour en mieux prendre l'élan, devient plus qu'elle-même Rainer Maria Rilke |
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Calliope
était la muse de la poésie épique et de
l'éloquence, |
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" Le poème est un chemin qui cultive ses ronces " Yves Prié |
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Dans les bois
tranquilles, quel drame ! Marie Noël |
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Je tends en
bol fou le bol des fontaines Armand Robin
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Voici, je vous donne
toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de
toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d'arbres et portant
de la semence. Genèse
I, 29 |
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Regarde de tous tes
yeux, regarde.
Michel Strogoff, Jules
Verne |
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Le
printemps Oiseau
dans un nid donnant la becquée
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" Bretaigne
est poésie "
Marie de France XIIIe siècle Il y a eu souvent des aveugles parmi les poètes depuis Homère. En Bretagne Yann ar Minouz, Kerambrun, Le Prigent, Kerhervé, Jack en Dall n'y voyaient pas des yeux mais des yeux seulement. Guillam Le Borgne, lui, ne l'était pas. Que de gwerz et de sôn ils firent " La poésie, dit un
proverbe breton, est plus forte que les trois choses les plus fortes :
La gwerz est une complainte, un poème épique tandis que le sôn est un chant lyrique. |
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Ceux qui donnent aux
étrangers
Comme aux gens du pays, Droite justice et ne vont pas S'écartant du juste, Leur ville fleurit et les gens S'y épanouissent Le trésor le plus précieux parmi Les hommes, c'est une langue Qui se ménage, ou qui s'agite Sans excès. C'est un bonheur Il est des jours marâtres, D'autres sont de vraies mères. Heureux et bientôt riche Celui qui de tout cela gardant Le savoir travaille sans offenser Ceux qui ne meurent jamais. Il comprend les signes des oiseaux, Il évite de passer outre. Hésiode |
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Entre l'amour de ceux
qui ont passé la nuit ici et la sainte messe il n'y a pas de
différence
et si différence il y avait, la messe serait perdante. José Saramago |
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Sarcophage des Époux |
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Qu'a-t-il donc sanctifié par cette étonnante communion du pain sacro-saint, du calice de l'amitié, sinon une neuve et indissoluble concorde ? Érasme |
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Les dieux ne te laissent Ulysse, que de
courage ! MLJ Personne |
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Paisa " Le secret du cinéma pourrait être dans Paisa ". Leslie Kaplan Regardons
encore une fois Paisa de Regardons
de nouveau ces images Ces hommes attendent un parachutage qui n'aura pas lieu. Leurs
yeux scrutant l'espace de la nuit C'est la dernière fois qu'il regardent le ciel ainsi. Le lendemain, tous perdront leur vie. Retournons
nous une fois encore vers l'écran. Avant que ne s'achève ce film, dans sa nuit. Marc
Corigliano |
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Entends-tu, Ô mon roi, ma harpe qui projette Rainer Maria Rilke |
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Le besoin de consolation que connaît l'être humain est impossible à rassasierJe ne possède pas de philosophie dans laquelle je puisse me mouvoir comme le poisson dans l'eau ou l'oiseau dans le cielLa liberté commence par l'esclavage et la souveraineté par la dépendance. Le signe le plus certain de ma servitude est ma peur de vivre Mon accession à la liberté. En quoi consiste donc ce miracle ? Tout simplement dans la découverte soudaine que personne, aucune puissance, aucun être humain, n'a le droit d'énoncer envers moi des exigences telles que mon désir de vivre vienne à s'étiolerOù l'être humain puisse prouver qu'il est possible de vivre en liberté en dehors des formes figées de la société ? Je suis obligé de répondre : nulle part. Si je veux vivre libre, il faut pour l'instant que je le fasse à l'intérieur de ces formes. Le monde est donc plus fort que moi. À son pouvoir je n'ai rien à opposer que moi-même mais d'un autre côté, c'est considérable. Car tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi-même une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s'exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté. Stig Dagerman
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Code de Hammurabi
XXVIIe siècle avant J.-C. |
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J'habite un
espace étroit Claude Serreau |
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« Livrez-vous
à toute étude qui puisse vous éclairer et vous
inspirer l'amour de vos frères. De simples individus se
procurent, en souscrivant, des collections de livres. À leur
exemple, souscrivez aussi, mais en faveur de l'Association :
formez-lui sa bibliothèque et que cette bibliothèque
renferme des Vignoles, des traités de Géométrie,
un Dictionnaire de la langue que nous parlons, un Dictionnaire de
géographie, une Histoire de France, un abrégé de
l'Histoire Universelle, nos Auteurs dramatiques les plus en renom, les
Poèmes anciens et modernes, parce que le peuple aime la
poésie Concevez combien une telle bibliothèque serait
favorable à tous. Elle offrirait à votre esprit un nouvel
aliment et de nouvelles distractions ; vous deviendrez savants, et
quand vous retournerez dans vos pays, vos compatriotes diraient de
chacun de vous : Voilà un homme auquel le Tour de France n'a pas
été inutile !. » Agricol Perdiguier, menuisier, dit "Avignonnais la Vertu". |
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Michel
de Montaigne |
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Une
petite église de campagne nous remet d'aplomb.
Pourvu qu'elle soit vide. Sans curé. Sans homme. J'en connais. En moi-même, quelque part, aveuglante Georges Perros |
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REFUGE
POUR LES OISEAUX René
Guy Cadou |
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Comment donc savez-vous,
au fond de la terre, Thomas
Hardy |
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Il vaut la peine de planter les boutures de l'avenir si seulement une sur dix prend racine. Katherine Mansfield |
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Les
hommes, au fond, ça n'a pas été fait pour
s'engraisser à l'auge, mais ça été fait
pour maigrir dans les chemins, traverser des arbres et des arbres, sans
jamais revoir les mêmes ; s'en aller dans sa curiosité,
connaître. Jean Giono |
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C'est quand, jaillissant
de nous elle déborde,
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Itzhak-Leibush Peretz |
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Contre vents et marées
Pouvoir se maintenir Goethe Vers écrits sur le mur de sa prison avant de mourir par Hans Scholl |
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La poésie est la seule fortune et
parfois l'ultime recours de tout peuple dépossédé. Charles Dobzynsky |
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Kafka écrivait en 1904 à son ami Oskar Pollak : " Il me semble d'ailleurs qu'on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois. " |
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" Ceux qui savent lire voient deux fois mieux " Ménandre, poète attique du IVe siècle avant J.C |
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Ce qui vient au monde pour ne rien
troubler ne mérite ni égards ni patience... Ne te courbe que pour aimer... Si tu meurs, tu aimes encore... Si nous habitons un éclair, il est le cœur de l'éternel... René Char |
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" Ne fouillent pas le
même humus Gilles Baudry |
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Frère, ô doux
mendiant qui chantes en plein vent, Germain Nouveau Frère,
poussant les bœufs dans les mottes de terre, Frère, qui fais le vin
du sang des raisins d'or, Frère, qui fais le
pain, croûte dorée et mie, Frère, qui fais
l'habit, joyeux tisseur de drap, Frère, dont le bateau
fend l'azur vert des vagues, Frère, joueur de luth,
gai marieur de sons, Mais en Dieu, Frère,
sache aimer comme toi-même Germain
Nouveau |
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La rose est sans pourquoi;
elle fleurit parce qu'elle fleurit, Angelus Silesius |
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Je vous invite donc
à chercher des livres vrais, issus d'une expérience
authentique, écrits avec du sang, de la joie et de la douleur.
En tout homme, il y a des forces insoupçonnées de
réveil et d'allégresse. Si pour vous, tel ou tel livre a
été une illumination et a changé votre vie,
dites-le moi, je m'en ferai l'écho. N'est-ce pas là aussi
œuvre de charité ? Jean Sulivan |
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" Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait " Mark Twain |
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La Boétie a
16 ou 17 ans lorsqu'il écrit Le discours de la servitude
volontaire. C'est par la force de ce texte qu'un certain Montaigne
veut en connaître son auteur.
MLJH |